Quand je tenais l’atelier de Mélanie, j’ai pu exposer mes premiers bijoux. Ils étaient en laiton, parfois en laiton et argent. Elle m’avait poussée à les exposer bien qu’ils ne soient pas dorés, car ça permettait de tester les clients, d’avoir leurs avis sur le design etc… Honnêtement ça a été hyper difficile pour moi d’oser les exposer dans la belle boutique de Ohlala, notamment parce que tous les autres bijoux étaient plaqués or ou en argent massif, et du coup je trouvais que les miens ne faisaient pas finis. J’ai cependant vite eu de bons retour sur leur design ce qui était déjà un bon début. Mais j’ai aussi vite remarqué que les clients qui venaient dans cette petite boutique un peu cachée de la rue, y venaient spécifiquement pour les bijoux Ohlala (et c’était bien compréhensible). Je crois que je n’ai rien vendu d’ailleurs de mes créations, mais ça a été très formateur pour la relation client. Je les observais, je voyais vers quoi la majorité se tournait, je discutait avec eux. Mes années tourisme faisaient que j’avais un bon relationnel. Petit à petit j’osais dire que je me lançais moi aussi et je leur demandais leur avis sur mes créations.
Le constat a été assez vite clair, si ce n’était pas doré les gens n’achetaient pas. Pourtant le laiton est un métal qui se patine, au même titre que l’argent. Quand on le porte il ne bouge pas forcément mais il fera des traces vertes sur certaines peaux. Aux USA il est très répandu dans les bijoux, les clients aimant sont côté doré vintage que j’aime moi aussi beaucoup. Mais en France c’était de l’or ou rien.

C’est alors qu’à commencé la recherche d’un doreur. Et au mon dieu on m’avait prévenu mais alors que c’était compliqué. Entre ceux qui font au poids, ceux qui font pour un minimum de x pièces par modèle, ceux qui veulent bien faire des tests pour qu’on voit la couleur finale, ceux qui refuse et c’est la surprise, ceux qui ne veulent que nous rencontrer en personne (et qui bien-sûr sont à Paris)…Bref le parcours du combattant. J’ai fini par en trouver un qui me fait un placage de qualité, je ne peux pas le nier. Mais par contre notre relation n’est pas des plus fluide et cordiale et ça je trouve hyper difficile pour la sensible que je suis. J’ai remarqué que dès que j’ai terminé une collection et que vient le moment de l’envoi à la dorure, je suis dans un stress monumental d’avoir mal fait quelque chose, qui me vaudrait encore un appel en furie comme j’ai déjà pu recevoir…Je n’ai qu’à changer me direz-vous. Certes. Mais là je n’ai vraiment pas le temps ou l’énergie de repartir à la recherche d’une autre perle rare et de toutes les phases de test que ça implique.

Revenons-en à nos bijoux. Je trouve mon doreur, je commence à faire des marchés de créateurs et à vendre mes créations. Quand je repense à mes premiers stands..ça aussi c’est vraiment en l’expérimentant qu’on se fait la main. Au départ j’avais juste une nappe et les bijoux posés à même la table…Pas franchement sexy. Petit à petit j’ai investi dans des présentoirs et de la déco, des cartes de visite, des écrins…et les marchés de Noël que j’ai pu faire se sont vraiment bien passés. C’était encourageant.

En parallèle de tout ça je décide de m’offrir une formation 200h de professeur de yoga. Pas forcément pour enseigner à la base, mais pour vraiment explorer cette pratique et m’y dédier pendant 1 mois entier. J’en ai trouvé une à Chamonix, chez moi, et qui plus est en anglais, le rêve pour moi. En avril je pars donc un mois en mode yogi, un des mois forcément les plus intense de ma vie tant physiquement qu’émotionnellement. Je perds mon papi début mai (celui qui m’a inspiré les cartes raconte-toi si vous avez suivi). Très dur mais je suis entourée par toutes ces femmes merveilleuses. Elles me “dédient” un yoga nidra (c’est un peu comme une méditation guidée) pour m’aider à m’apaiser et il s’est passé une des choses les plus étranges de ma vie. La prof nous parle de nos ancêtres et cie, petit à petit je me sens de mieux en mieux, ma peine est comme aspirée hors de moi, je me sens plus légère, presque bien. On termine la séance, je m’assoie et je découvre qu’une bonne partie des autres élèves est en larmes. La prof nous dit que ça arrive parfois dans les groupes très soudés et qui ne savent pas encore bien se protéger, on prend la peines et les problèmes des autres. C’était très étonnant, surtout pour moi qui suis plutôt cartésienne. Bref. Je suis diplômée et j’enchaîne avec une autre formation pour donner des cours de yoga sur stand up paddle (pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué lol). L’été je donne des cours dans l’association de Paddle que j’ai monté avec mon chéri (ah oui je n’ai pas parlé de ça…) et c’est vraiment une activité géniale pour rester centré. Si on a le malheur de penser à autre chose qu’au moment présent on est quasiment assuré de tomber. Tout ça c’est bien joli mais ça ne paie pas les factures puisque je le fais bénévolement. Je n’ose pas encore donner des “vrais” cours de mon côté et en même temps je n’ai pas envie de faire des remplacements en studio. Du coup je laisse un peu de côté en prévoyant une dernière formation de Yin Yoga pour la fin de l’année, et une autre de Prénatal début 2020.

Arrivée au terme de mon contrat avec la SCOP et comme les ventes de mes bijoux commençaient à bien marcher, je m’immatricule à la Chambre de Métiers et de l’Artisanat. On est fin octobre 2018. Je commence ma dernière formation de yoga qui s’étalait sur plusieurs week-end. Nous étions un tout petit groupe de 5 il me semble. Je n’accroche pas trop avec la prof, c’est un peu compliqué pour moi d’observer sa façon de faire avec nous sans rien dire mais comme à mon habitude je ne dis rien pour éviter le conflit. Et puis vient ce week-end où, tout la matinée on se lance des regards interrogateurs entre nous, la prof n’est pas du tout dans la bienveillance en tous cas ce jour là. Arrive la pause de midi, et d’un coup d’un seul une envie de vomir horrible. Un gros mal de crâne, ça ne va pas du tout. Je finis par vomir dans la rue comme un lendemain de cuite, derrière une poubelle (la honte), chose qui ne m’est jamais arrivée de ma vie. Je mets ça sur le compte de la frustration que je ressens envers l’enseignement qu’on reçoit et me dis que je suis vraiment grave de réagir comme ça. Finalement l’histoire dira que j’étais enceinte mais que je ne le savais pas…ahaha. Dans la même période mon cher et tendre signe pour son premier achat immobilier, un immeuble de ville où tout est à faire. Je ne vous dis pas l’accumulation. On dit souvent que tout arrive en même temps, pour nous ça s’est vérifié et je me demande encore comment on a fait pour traverser tout ça…Ce sera le sujet du prochain épisode je pense, 2019-2020.

Tout ça pour dire qu’en vérité on a beau tout prévoir, se dire qu’on s’organise et qu’on va faire ça ça et ça dans tel ordre, rien ne se passe jamais comme prévu. Il faut accepter les aléas qui ne sont pas toujours négatifs au final. J’ai tendance à me dire que rien n’arrive par hasard, que chaque événement, positif comme négatif, au final c’est comme un panneau qui nous indique le bon chemin. Et même lorsque c’est difficile à vivre et qu’on ne comprends pas pourquoi on doit traverser cela, on se rend compte un jour que sans cet événement marquant on n’en serait pas là où on est et qu’il fallait que ça arrive. J’avoue que je n’ai pas encore tout compris du pourquoi des choses qui me sont arrivées, mais je sais que ça viendra avec le temps. Je vous souhaite une belle semaine et vous dis à lundi prochain !