Suite à cette première expérience de voyage en solo, j’ai vraiment eu envie de privilégier cela pendant un temps. J’ai donc repris un boulot de saisonnier qui n’avait rien à voir avec le design, et en hors saison je partais. Argentine, Canada, Thaïlande, Bali à nouveau…Des voyages formidables, je mesure encore plus ma chance d’avoir pu voir tout ça avec la période que nous traversons en ce moment.
Et puis quand même au bout d’un moment, l’appel de la création s’est fait ressentir. Je me suis remise au dessin, chose que je ne fais plus du tout mais une des seules activités que je peux faire pendant des heures sans voir passer le temps. J’ai rencontré mon amoureux du sud-ouest, j’ai fini par lui proposer de venir dans sa région, et de fil en aiguille j’ai commencer à me faire une raison. Je ne trouverais jamais de boulot dans la bijouterie ou le design. Donc soit je m’y mettais moi-même de mon côté, soit j’oubliais l’idée. J’ai donc commencé à vraiment dessiner des modèles de bijoux, j’ai fait des maquettes, j’ai testé des choses mais vraiment rien de commercialisable.
Dans le même temps j’ai repris un boulot d’accueil dans une entreprise d’ingénieurs. Le CAUCHEMARD. Je devais être tirée à quatre épingles tailleur-talons-chignon, pour ceux qui me connaissent, la blague. Au bout de plusieurs semaines sur place on ne retenait toujours pas mon prénom, et pour finir j’ai été accusée de vol, c’était le pompon sur la Garonne! J’ai pris mes jambes à mon cou. En fait avec le recul je me dis que c’est l’univers qui voulait me faire comprendre que je n’avais rien à faire à cet endroit. Après ça j’ai eu la chance que mon dossier soit accepté par la région pour être formée au graphisme. Je m’étais dit qu’à défaut de design, le graphisme restait dans la création et comme je maitrisais déjà bien la suite Adobe, pourquoi pas. 6 mois qui ont été vraiment top, j’ai appris plein de choses dans cette petite école de Montauban, et à la sortie je me sentais enfin légitime pour un poste, avec un vrai nom de métier : graphiste.
J’ai été prise finalement dans une mairie, où le nom de mon poste était “chargée de communication” mais où, au final je faisais surtout du graphisme. Je pense honnêtement que je faisais le travail d’au moins deux personnes. Cela dit je ne regrette pas non plus parce que j’ai pu vraiment me faire la main, j’ai vu mes affiches imprimées en grand dans toute la ville, j’ai eu en charge la mise en page de documents vraiment complets d’une vingtaine de pages, j’ai dû gérer les relations avec les imprimeurs, les différents services, les élus etc…Bon ce n’est un secret pour personne, je ne me suis pas non plus sentie vraiment à ma place. Le monde des fonctionnaires m’a un peu fait penser à la grosse boîte de mes débuts, je me suis vite sentie oppressée dans ce système. C’est tout de même une bonne expérience qui m’a montré qu’une de mes faiblesses (qui dure encore à ce jour) c’est que j’ai du mal à poser des limites, à dire non. Une vraie phobie du risque de conflit et du conflit en lui-même.
En parallèle, l’envie de faire une collection de bijoux avait grandi, je voulais vraiment tenter pour pouvoir me dire qu’au moins j’avais essayé. J’ai commencé des prototypes en bois à la découpe laser, un tout autre style comme vous pouvez le voir. J’aimais beaucoup le principe mais par contre dépendre du Fablab où je faisais découper les pièces, sans pouvoir prendre de rendez-vous, c’était source d’une grande anxiété pour moi. Je faisais 1h de route sans savoir si j’allai pouvoir utiliser la machine…C’est aussi à ce moment là il me semble que j’ai décidé de reprendre les outils grâce à un stage que j’ai trouvé par hasard sur internet. J’ai donc fait la connaissance de Mélanie aka Ohlala Bijoux. Et là comment dire. Son atelier, sa bienveillance, la bague lotus que j’ai créé avec elle…tout m’est revenu et j’ai su, c’était vraiment ce que je voulais faire.
Je suis donc rentrée dans une SCOP pour tester mon activité de créatrice de bijoux avant de me lancer avec mon propre numéro de siret et compagnie. J’ai eu l’opportunité aussi de tenir l’atelier de Mélanie pendant son congé maternité, et ça c’était vraiment chouet pour être sûre de ce que je voulais ou pas.
Encore une fois je dirais que si on écoute les signes ou son intuition appelez ça comme vous voulez, tout se goupille. Et quand on s’entête à ne pas écouter, je crois vraiment qu’on se met dans des situations compliquées, désagréables et tout sauf sereines. Et puis quand on est sûr, quoi qu’il arrive on trouve la force et les moyens de réaliser ses rêves.